Quel est le rôle de la psychanalyse dans l'émergence de la supervision ? Comment le travail social a-t-il contribué au développement de la supervision ? En quoi le coaching a-t-il renouvelé la pratique de la supervision ? Quelles sont les spécificités de la supervision des coachs ? Quels sont les défis et les perspectives d'avenir pour la supervision ?
C'est à toutes ces questions que répond notre ex-présidente Martine Volle dans une série de articles à ne pas manquer !
Ces articles sont des transcriptions d'enregistrements audio effectués par Martine à notre demande. Nous avons conservé la forme naturelle du langage parlé…
Épisode 2 : L'arrivée du coaching et l'évolution de la supervision
Suite de notre exploration de la riche histoire de la supervision avec Martine Volle, ex présidente de PSF.
1. Pourquoi les années 90 marquent-elles un tournant majeur dans l’histoire du coaching et de la supervision ?
2. Comment la supervision enrichit-elle les pratiques des coachs, au-delà de leur simple expertise ?
3. En quoi les approches issues des sciences humaines et des systèmes éducatifs transforment-elles la supervision ?
Découvrez comment le coaching a élargi le champ d’application de la supervision et a donné naissance à de nouvelles formes de pratique.
Arrive le Coaching !
Pour avancer sur ce développement et jusqu’aux années 90, 90 va être un grand moment puisque ces années accueillent l’arrivée du coaching. Alors, e Coaching n’existait-il pas avant ? Peut-être, probablement pas dans la forme contemporaine que nous lui connaissons aujourd’hui. Depuis les années 90, le coaching s’est largement développé. Le travail des associations et des écoles de coachs a largement contribué à sa structuration. Le référentiel de compétences ICF pour les coachs est international, quel que soit l’endroit de la planète, il y a un même référentiel pour les coachs. L’arrivée de l’EMCC aussi a continué à faire ce travail sur des référentiels de compétences. Alors normaliser, j’espère que non, en tout cas formaliser.
Aujourd’hui, on a conscience qu’il existe du coaching individuel, du coaching pour les équipes, du coaching d’organisation. Pour autant, d’où viennent les compétences du coach ? Elles viennent de certaines compétences du superviseur car qu’on soit superviseur, psychologue ou bien coach, nous avons besoin, tous, de savoir créer un espace où les accompagnants vont pouvoir déposer leurs paroles.
Après, les finalités sont bien sûr différentes et avec le coaching, on se retrouve dans les années 90, un moment où il y a une première forte grande récession aux États-Unis et la guerre du Golfe. Cette crise arrive bien sûr en Europe et il y a ce sentiment que les situations deviennent complexes, instables et que, il va falloir avoir, peut être, des façons nouvelles pour réagir aux situations.
Le coaching s’inspire de la supervision
Le coaching va aider à utiliser les compétences de supervision qui étaient déjà présentes. Ou d’autres formes d’accompagnement dont je viens de parler pour ensuite, après les prises de conscience sur des cadres de référence qui étaient peut-être devenus trop étroits, qu’il y avait peut-être d’autres façons de travailler en mettant des options nouvelles. Il va de soi que plus les coachs se forment, plus ils travaillent, plus ils se retrouvent eux aussi avec des besoins de supervision puisque les clients qu’ils rencontrent ne sont pas forcément toujours en situation facile. Et on sait bien comment lorsqu’on a de l’empathie, comment on crée des espaces contenants pour les personnes, on peut aussi se retrouver affectés soit par une situation, soit par finalement toutes ces situations, ce qu’elles révèlent en nous.
Et maintenant la supervision de coachs !
Les associations de coachs et beaucoup d’écoles préconisent et recommandent la supervision. C’est ainsi qu’on voit dans les années 2000 se développer la supervision en France et souvent de la supervision de coach.
Nous avons ceux qui connaissent le geste professionnel du coach, qui sont capables d’accompagner et d’ajuster les gestes professionnels du coach. Ils ont leur séniorité, ils sont coachs eux-mêmes. Bien sûr qu’ils ont assez de séniorité pour aider des bénéficiaires à prendre du recul sur les situations qu’ils rencontrent.
On s’aperçoit aussi qu’ il peut y avoir un certain nombre de choses qui ont besoin de se construire ou qui a besoin d’évoluer, et la supervision naît aussi pour pouvoir accueillir les paroles et les mettre en travail. Que ce soit en supervision individuelle ou que ce soit en supervision collective.
Pour autant, tous les coachs de l’époque ne connaissent pas la supervision. En revanche, ils connaissent bien le coaching et donc on voit une forme de supervision qui se développe, qui est du coaching de coach.
Donc pour moi, le coaching de coach n’est pas de la supervision, je préfère dire une fonction supervisante.
Pourquoi ? Parce que le coaching permet de prendre du recul par rapport à des situations et d’élargir les cadres de référence. En ce sens, il y a une forme de supervision. À mes yeux, elle n’est pas suffisante puisque la supervision n’ayant pas la même finalité, il n’y a pas besoin forcément en supervision de travailler avec nos clients sur un plan d’action. Ce qui compte et ce qui va être le plus important, c’est de les remettre en capacité d’avoir pris du recul sur leur émotionnel et de pouvoir à nouveau travailler chez un client où ils auraient eu la sensation d’être internalisé ou instrumentalisé.
De nouveaux venus
D’autres superviseurs apparaissent, qui eux ne sont pas coachs et qui apportent aussi quelque chose d’assez enrichissant. Ils sont systémiciens, ils sont psychiatres, ils sont psychologues. Et eux font ce travail sur justement les affects et en même temps ils apportent leur savoir qui va inspirer le coaching.
Je pense à tout le travail des systémiciens, ou des Gestalt thérapeutes qui donnent aussi au coach un enrichissement au profit de la pratique ! On se retrouve avec une richesse toujours qui vient des sciences humaines et qui sont donc aussi transmise. C’est un geste professionnel qui n’est plus sur le processus de coaching lui-même ou le geste du coach, c’est plutôt sur une manière de travailler avec les clients finaux des coachs.
Et puis d’autres qui sont des superviseurs qui arrivent peut-être d’autres univers et notamment ceux qui arrivent du champ éducatif et qui amènent aussi des pratiques réflexives où il s’agit cette fois d’apprendre de l’expérience qu’on vient d’avoir et de s’apercevoir que, par intuition ou en situation, nous avons pu révéler des savoirs et qu’il est possible d’apprendre de nous-mêmes et de notre pratique.
Multi-activités
On voit bien que là on se retrouve dans les années 2000 avec la supervision qui est pratiquée par des superviseurs improvisés superviseurs. Ils sont toutefois très légitimes de par les compétences et la séniorité qu’ils peuvent avoir. Ils arrivent à faire faire un travail, y compris quand c’est du coaching de coach ou bien d’autres formes de supervision qui viennent de toute cette histoire de la supervision que je viens de raconter.
Retrouvez la suite de cette narration dans l’épisode 3 : la supervision en perpétuelle évolution