« Croisons nos pratiques avec curiosité ! »
PSF a eu le plaisir, ce 22 juin 2017, de recevoir des superviseurs de thérapeutes, de travailleurs sociaux, de managers et de coachs. Nous remercions vivement :
- Nicolas Koreicho- Psychanalyste- Psychothérapeute
- Yamina Nouri– Psychothérapeute et Art-thérapeute,
- WadihChoueiri – Superviseur et enseignant en philosophie
- Catherine Buat–coach et superviseur au sein d’institutions médicaux-sociales.
- Isabelle Noleau – superviseur et coach qui travaille avec les chevaux.
Les échanges furent animés par René-David Hadjadj et Martine Volle.
En supervision, Nicolas Koreicho fait une distinction nette entre, « la personne »,« le supervisé »,le « Pourquoi veut-il être supervisé ? »,« les instances psychologies mêmes intimes, transférentielles et contre-transférentielles »et les « sous-cadres du supervisé »,pour que le supervisé ne mélange pas ses attendus psychiques avec des attendus plus vastes, y compris d’ordre sociologie. Il y a d’une part, une « relation précise transférentielle » et d’autre part « des cadres ».
Le regard sur le référentiel PSF des« compétences spécifiques du superviseur », fut une occasion de mettre en lumière des occurrences qui reviennent dans différents points de ce référentiel, sur « la dimension du flou,de l’incongru, de l’ombragé, de l’ombrageuse ». Toute cette dimension là est essentielle, y compris dans le cadre de l’entreprise pour dire : « Ce chef de service, c’est qui pour vous ? »- « C’est mon père,j’obéis à ce chef de service comme j’obéissais à mon père ». Pour Nicolas Koreicho, « Tout ce qui est gris, flou ou dans l’ombre, est l’élément le plus pertinent. C’est l’exploration de l’inconscient. »
Wadih Choueiri souligne, pour faire écho,« qu’en supervision d’analyste, il y a un analyste supervisé et le superviseur. C’est le rapport au « deux »,la qualité du lien qui est essentielle. Néanmoins, dans le coaching, il y a aussi l’entreprise donc « le rapport au deux et au groupe », c’est le rapport au « trois » et plus, c’est de l’ordre du multiple ». Pour élargir « Nous pourrions parler aussi d’autres approches comme la gestalt-thérapie, les thérapies brèves ».
Yamina Nouri supervise des art-thérapeutes qui viennent avec leurs créations, peintures, modelages, danse ou autres. Les œuvres sont étalées de manière chronologique. Il ne s’agit pas de parler de l’anamnèse ou d’interpréter. Il s’agit d’accueillir les résonances. Yamina Nourri parle de phénoménologie :« La supervision permet de voir ce qui est voilé, pour aller nous chercher dans cette parité sensible de nous-même. Le superviseur et supervisé vont évoluer ensemble, avec les œuvres et le questionnement. La supervision est un travail différent de la thérapie, un endroit où il y a une relation… presque amicale ».
Catherine Buat intervient dans le médico-social,soit avec des responsables de services,soit avec des managers pluri-professionnels d’équipes elles-mêmes pluri-professionnelles, et dans des sites différents, pour proposer des lieux d’échange sur leurs pratiques managériales. Une de leur question récurrente est : « Est-ce que je fais bien ? ».
Elle utilise l’analyse de la pratique qui est un processus rigoureux et précis. Elle est la gardienne du déroulement et peut, à l’issue de la séance,faire des apports didactiques. Elle constate que les « participants sont plus à l’aise pour « aider l’autre »que pour « demander de l’aide ». « Ce processus les fait grandir dans la relation. Chaque intervention est en intra avec des équipes qui ont le même ADN. C’est l’ensemble de l’équipe qui élabore une pensée y compris vis-à-vis de leur association. Ils deviennent tous experts de la solution de l’autre et en tirent un apprentissage plus personnel ».
« Isabelle Noleau travaille avec les chevaux en coaching et elle est formée à la supervision. Elle s’est donc posée la question d’utiliser son approche avec les chevaux en supervision. « Le cheval est un excellent médiateur car il nous met en contact avec toutes les parties de nous-mêmes et au-delà du mental. Par leur grande sensibilité, il vont nous révéler une part de nous-même ».
Cette supervision permet, lorsque la personne s’approche du cheval, de regarder comment la situation interrogée va se reproduire en présence du cheval, d’observer l’implicite, ce qui se passe dans la relation et pas uniquement d’observer l’intention,à partir de ce qui fait écho, et des résonances, de commencer à nommer ce qui devient conscient pour la personne supervisée. »
En conclusion :
Ces échanges ont permis de mettre en évidence que, malgré les différences d’approches, il y a des points communs autour de cette écoute particulière qui cherche à dévoiler l’implicite, ce qui est encore dans le flou et dans l’ombre, pour le rendre accessible au supervisé.
Tous ont précisé qu’ils pouvaient faire des apports didactiques ou bien des propositions à la personne supervisée, selon la situation rencontrée.
Le silence, l’écoute, « l’attention du superviseur crée un espace un peu mystérieux pour délier les liens qui aliènent », souligne Wadih Choueiri, grâce aux liens qui soutiennent et qui contiennent.
Rappelons-nous que les ambivalents, en supervision, permettent d’avancer et de rendre conscients des liens visibles et invisibles pour nous mettre en capacité de les assumer.
Synthèse par Martine Volle,octobre 2017.