Plus de 18 fédérations de superviseurs de toute l’Europe, se sont réunies cet été du 22 au 26 août 2022. Les superviseurs venaient de Suède, Norvège, Italie, France, Irlande, Autriche , Allemagne, Belgique, Ukraine et bien-sûr Estonie, Lettonie et Lituanie… Nous étions plus d’une centaine de professionnels à nous rencontrer à la Bibliothèque Nationale, l’un des points emblématiques de la capitale Lettone. Durant ces 5 jours inoubliables nous avons partagé nos expertises par le truchement de plus de 15 ateliers tous plus intéressants les uns que les autres.
par Samia Klouche, administratrice de PSF, représentante de l’association à l’international
La situation que traverse l’Ukraine amène la supervision à se développer à vitesse grand V.
Le chaos est immense, les besoins d’accompagnement sont devenus une nécessité première pour que les vivants ne s’écroulent sous les chocs violents d’un quotidien insoluble.
Animer des groupes de supervision dans les territoires occupés relève de la résistance citoyenne. Tous les ponts du pays ont été bombardés. Les rares sorties du domicile ont pour but de rejoindre une gare routière seul moyen de quitter le pays ou pour grossir les rangs de l’armée.
Les ukrainiens ont construit plusieurs chaînes de vie. À partir de là, il a fallut proposer de la thérapie, du coaching et de la supervision pour les accompagnants médecins. psychologues, travailleurs sociaux… Des espaces de sécurité par la parole et l’écoute ont vu le jour sur tout le territoire. Des lieux de rencontres sont essentiels pour partager des questions telles que : Que peut-on faire pour se protéger ? Comme vivre en risquant de nourrir à chaque instant? Comment accompagner les réfugiées? Comment rester vivants dans nos cœur au milieu du chaos ? »
Un partage d’expérience de 4 superviseures venues d’Ukraine transforme notre vision de la guerre qui fait rage aux portes de la baltique.
L’émotion est à son comble lors de leurs témoignages autour de ce que traverse la population ukrainienne depuis février dernier.
Le « Trauma » qu’ils vivent prend de multiples formes et touche toutes les strates de la population civile et militaire. La guerre amène des changements profonds dans la société et touche tous les âges et toutes les classes sociales. Le metier de superviseur de nos confrères et consœurs d’Ukraine est difficile à vivre au quotidien mais tellement essentiel en ces moments de tragédie humaine. Les événements violents, les viols, la mort des proches, les fuites pour éviter les bombes et les roquettes sont devenus le quotidien de tous.
L’espoir se réduit à peau de chagrin voire impossible à imaginer dans l’esprit comme dans les faits. Les Thérapeutes, coachs, superviseurs, travailleurs sociaux et toute la population sont en « alerte rouge » et les besoins en soutiens sont nombreux. Voilà ce que nous partagent ces 4 femmes coachs et superviseurs dont le quotidien professionnel a soudainement basculé lors de la déclaration de guerre!
Après cette matinée intense à la fois par les images, les discours, les émotions, le silence partagé, les larmes coulent sur les visages et dans les cœurs des 100 superviseurs que nous sommes.
Nous ne voyons plus ce conflit de la même manière depuis que nous sommes à Riga si proche des combats.
Les intervenantes nous ont également offert un brillant exposé, à quatre voix, autour de la vulnérabilité et de la manière d’accompagner les traumas en temps de crises et plus particulièrement de guerre.
La célébration des 25 ans de L’ANSE fut parmi les riches moments d’émotions et de fraternités de cette Université d’été de Riga.
Ce fut l’occasion pour les membres du board de L’ANSE de partager leurs vécus et expériences personnelles au sein de notre confédération. Un quart de siècle durant lequel, années après années, l’ANSE défend le métier de superviseur partout en Europe. Ce moment fort a permis de découvrir les premiers pas de l’ANSE et le développement de la diversité des champs de la supervision au cours de toutes ces années. Comme une grande famille, cette soirée là, nous avons dansé, chanté ensemble en partageant un immense gâteau d’anniversaire.
Une université d’été 2022 ou la petite et la grande histoire se mêlent et s’entremêlent
“The Baltic way30” était le titre de la présentation de ce moment extraordinaire de l’histoire des pays Baltes. Il y a 30 ans la population des trois pays ont créé une chaîne humaine de 600km le long, tous main dans la main pour se libérer du pouvoir de l’union soviétique. Une mémoire dans l’esprit de tous qui vibrent d’une manière particulière en ces temps de guerre! Ici nos confrères de la baltique ont peur d’être la prochaine cible de la Russie. En ce mois d’été les trois pays baltes posent un commun accord un acte fort. Ils décident à l’unisson non pas de déboulonner les statues qui célèbrent les temps passés de l’URSS mais de les détruire à jamais. Fin novembre 2022 il n’y aura plus de trace de cette sombre partie de leurs histoires. Cette résistance est un modèle de détermination, de courage, de ténacité et capacité de s’unir face l’adversité!
Plusieurs ateliers étaient proposés par nos confrères, les choix étaient difficiles car les titres des ateliers étaient riches de promesses.
Celui qui a retenu le plus mon attention est celui animé par une superviseure néerlandaise très dynamique et très expérimentée du nom de Gérian Dijkhuze. Sa proposition : « Tell me I will listen » ou comment créer un climat de confiance et d’apprentissage dans la relation de supervision.
Autre intervenant, Saul Alinsky dédie sa vie à un sujet très particulier : le pouvoir. Comment est il possible qu’un petit groupe prenne le pouvoir sur la totalité d’une communauté?
Les premiers mots de l’atelier sont : « Avec vous essayer de prendre le pouvoir? Si oui comment? » Une question déroutante mais riche de réflexions
Le pouvoir est une vieille idée qui traîne dans notre esprit et gouverne le monde depuis des siècles. Le pouvoir n’est pas toujours facilement définissable. « Il est changeant, c’est presque une substance fluide » nous dit-il. Il peut passer de mains en mains, changer de forme et d’intensité. On le prend et on le pert sans même sans rendre compte.
Notre université d’été s’est achevée par la visite de la bibliothèque nationale de Riga au perspectives architecturales abyssales!
Notre soirées fut un temps de partage et de rencontres sur une péniche voguant au fil de l’eau traversant les méandres de la Daugava.
Notre communauté de cœur et d’esprit se retrouvera bientôt. L’été prochain nous aurons le plaisir de partager de nouveaux échanges autour de la supervision.
Nous vous invitons à vous inscrire à la prochaine université d’été qui se tiendra à Budapest du 14 au 18 août 2023.
